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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/211

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LE JARDIN PARFUMÉ

leurs secrets deviennent communs, et la désillusion arrive trop vite, car ils ne savent se cacher leurs vilains défauts.

— L’amour est voilé, il s’endort sur le mal et ne voit que le bien.

— Je voudrais qu’il en fût ainsi et que mon esprit conservât toujours cet espoir.

Et leurs regards se rencontrant, ils restèrent tout émus, car ils sentaient bien qu’ils s’aimaient.

Il dit encore :

— L’amour, les joies de l’âme, le bonheur du cœur, l’ivresse des sens, les caresses voluptueuses, la générosité de l’amante qui sait donner à celui qui souffre ; ne sont-ce point là choses précieuses et richesses ?

— Votre langage est doux et le sourire de votre bouche entraînant, répondit-elle.

— Le vôtre est plein de grâce et me fait perdre la raison ; aussi un sentiment profond vient-il de s’emparer de tout mon être, je sens la vie m’abandonner et, à votre seule présence, je dois peut-être de ne pas mourir.

À ces mots, la princesse se leva toute tremblante :