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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/213

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LE JARDIN PARFUMÉ

se trouva en face d’un monument superbe ; c’était là qu’habitait la belle princesse. Il se cacha derrière un rocher et observa toute la journée ce qui se passait dans le château ; mais il ne vit pas forme humaine et revint tout découragé à l’abri où il avait laissé Mimoun. Là, exténué de lassitude, il se coucha par terre et s’endormit bientôt, la tête sur les genoux de son fidèle serviteur.

À peine le sommeil enveloppait-il de ses bras caressants le corps de Bou-el-haïar, qu’il fut réveillé tout à coup par la voix de son esclave, qui criait : Ô mon maître ! regarde là-bas ; et ses yeux à peine ouverts purent remarquer une lueur qui perçait une fente de rocher tout au bout de l’antre. Aussitôt il se lève, court à la lumière et reste tout surpris d’apercevoir par la fissure du roc, qui laissait filtrer l’étoile de feu, sa tendre Zora, entourée d’une centaine de jeunes filles, dans un palais souterrain d’une splendeur inouïe.

Les jeunes filles folâtraient et riaient autour d’une table d’or richement dressée.

— Oh ! que n’ai-je, pensait-il, un bon compagnon qui m’aide à enfoncer le maudit rocher qui me sépare de celle que j’aime !

— Mimoun, cria-t-il, prends mon cheval qui