Aller au contenu

Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
211
LE JARDIN PARFUMÉ

— Avance et regarde, tu obligeras ton frère, dit l’amant de Zora à son compagnon.

Celui-ci s’étant approché, fut séduit par la beauté des femmes qu’il avait sous les yeux.

— Mais, dis-moi, frère, demanda Bou-el-haïlour, laquelle parmi ces jeunes filles est la dame de tes pensées, car je les trouve toutes charmantes et j’ai de la peine à distinguer la plus belle.

— Regarde bien, dit Bou-el-haïa, c’est celle dont la taille est svelte, le sourire passionné, le front éclatant, le balancement séduisant ; celle qui, parée de vêtements couverts de perles, est assise là-bas à l’écart sur ce trône ciselé et garni de clous d’argent ; c’est celle dont les petits pieds sont surmontés d’énormes anneaux d’or et dont la main blanche rend la neige jalouse. Mon cœur et mes yeux la voient sans cesse parmi toutes comme le guerrier distingue le drapeau du prophète qui le rallie au combat. Mais écoute, ami préféré, j’ai besoin de tes conseils ; je t’ai prié de venir pour m’aider de sages avis. Je crois que cet endroit qui rassemble chaque nuit une si grande quantité de femmes est un lieu de débauche. Je te dis cela, à toi seul, car je ne voudrais