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Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/100

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nos modestes essais d’organisation, M. Murrel. L’organisation a vraiment du bon, vous savez ?

— J’espère que je n’ai pas causé trop de désorganisation, répondit Murrel. Je crains que ma requête ne soit un peu exceptionnelle. Je suppose que bien peu de vos clients viennent commander au rayon des Pré-Raphaëlites défunts. De toute façon, un grand magasin comme le vôtre n’est pas l’endroit où l’on doit entrer en passant pour bavarder, pour raconter qu’un de vos amis était l’ami de William Morris. C’est vraiment gentil à vous de vous donner tant de peine !

— Enchanté, répondit l’aimable fonctionnaire, trop enchanté de vous donner une bonne impression de notre système. Eh bien, je peux vous fournir une petite information à propos de ce Hendry. Il paraît qu’un homme de ce nom a été temporairement employé à ce rayon. Il avait demandé du travail et semblait au courant des affaires, mais le résultat de l’expérience a été très peu satisfaisant : je crois que le pauvre diable avait le cerveau un peu fêlé ; il se plaignait de maux de tête et autres misères. Quoi qu’il en soit, il éclata un jour et envoya le directeur du service au travers d’un grand tableau de chevalet. Je ne trouve cependant aucune trace qu’il ait été mis en prison ou interné dans un asile d’aliénés. Je peux vous dire que nous gardons un dossier assez complet sur le genre de vie de nos employés, leur casier judiciaire, etc., de sorte que j’imagine qu’il a tout simplement pris la fuite. Naturellement il ne travaillera plus pour nous. Cela ne sert à rien d’aider les gens de cette sorte.

— Savez-vous où il habite ? dit Murrel d’un air sombre.

— Non, je crois même que c’est de là que vint le