Aller au contenu

Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

laquelle étaient un certain nombre d’objets hétéroclites. Il prit une vieille petite boîte d’étain, l’apporta sur la table et commença de l’ouvrir fébrilement. Elle contenait deux ou trois flacons de verre ronds et trapus, couverts de poussière ; leur vue sembla lui délier la langue.

— Il faut les délayer dans le produit de la boîte, dit-il ; bien des gens se servent d’huile, d’eau, ou de n’importe quoi. (En réalité, personne depuis trente ans n’employait plus ces couleurs.)

— Je dirai à mon amie d’y mettre tous ses soins, dit Murrel souriant, je sais qu’elle tient à travailler selon les vieux principes.

— Ah, c’est bien, dit le vieillard relevant soudain la tête d’un air important. Je serai toujours prêt à donner un conseil, assurément !

Il toussa pour s’éclaircir la voix.

— La première chose qu’il faut savoir, c’est que ce type de couleurs est de sa nature opaque. Beaucoup de gens, parce qu’elles sont brillantes, les croient transparentes. Moi-même, j’ai toujours vu cette confusion naître de ce qu’on compare l’enluminure au vitrail. Ces deux arts, évidemment, sont des arts typiques du Moyen-Âge, et Morris s’intéressait également aux deux. Mais je me souviens dans quelle fureur il entrait si on oubliait que le verre est transparent. « Si un artiste peint dans un vitrail une chose qui ait l’air solide », avait-il coutume de dire, « il mériterait qu’on le fasse asseoir dessus. »

Murrel reprit son enquête :

— Je suppose, Docteur Hendry, que vos anciennes études de chimie vous ont beaucoup servi pour composer ces couleurs ?

Le vieil inventeur secoua pensivement la tête.

— La chimie seule m’aurait difficilement appris