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Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/138

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uns d’entre eux, et notamment les dames, étaient dans un état de transition qui précédait les splendeurs de l’après-midi. Car il y avait ce jour-là, à Seawood-Abbey, une grande réception politique et sociale qui devait éclipser celle même où l’éducation de Braintree avait été entreprise.

Inutile de dire qu’elle réunissait les mêmes silhouettes caractéristiques, avec beaucoup d’autres. Sir Howard Pryce était là, paré sinon des blanches fleurs d’une vie irréprochable, du moins du gilet blanc d’un grand négociant de l’ère victorienne, dont la vie a toujours passé pour irréprochable. Il avait, depuis peu, passé non moins irréprochablement du savon à la teinturerie, dont il était maintenant le grand soutien financier, en même temps qu’il se faisait l’associé de Lord Seawood dans certains intérêts commerciaux. M. Almeric Wister était là, exhibant dans ses habits son mélange exquis d’art et de mode, ainsi que ses longues moustaches et son sourire mélancolique. M. Hanbury, propriétaire foncier et explorateur, était là, ne portant rien d’extraordinaire, mais le portant très bien. Lord Eden était là, avec son monocle et ses cheveux jaunes pareils à une perruque. Julian Archer était là, portant des vêtements si beaux qu’on n’en voit presque jamais sur un être humain, mais seulement sur les êtres idéaux des boutiques de tailleurs. Enfin M. Herne était là, montrant toujours un ensemble de haillons verts qui convenaient fort bien à un royal proscrit.

Braintree n’était pas à l’étiquette ; mais il tomba sur ce mystère vivant et le dévisagea malgré lui :

— Vous me semblez flâner çà et là, dit-il. Pourquoi n’avez-vous pas été vous habiller depuis longtemps ?

— M’habiller en quoi ? demanda Herne.