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Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/226

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possédant un arbre généalogique qui serait admis, au sens héraldique et féodal de l’aristocratie médiévale. Et ceux-là sont des personnes tout à fait pauvres et obscures, n’appartenant même pas à ce que nous appelons la classe moyenne. Par contre, dans chacun des trois comtés soumis à mon enquête, les hommes qui semblent avoir le moins de droit à une noble naissance sont les gentilshommes.

Il dit cela d’un ton impersonnel et sans vie, comme s’il faisait à des étudiants une conférence sur les Hittites. Il exagérait même ; les mots par lesquels il continua étaient presque trop morts et trop détachés.

— Leurs domaines ont généralement été acquis à une époque toute récente, et souvent par des méthodes d’une moralité douteuse, au mépris de toute chevalerie ; par de petits solicitors et spéculateurs employant diverses formes d’hypothèque, de forclusion, et autres chicanes. En s’emparant des domaines, ces personnes ingénieuses prenaient aussi possession non seulement des titres, mais des noms de familles plus anciennes. Le nom de la famille Eden n’est pas Eames, mais Evans. Le nom de la famille Seawood n’est pas Severne, mais Smith.

À ces mots, Murrel, qui surveillait avec anxiété le visage pâle et raidi de l’orateur, murmura soudainement une exclamation et comprit.

Tout autour de lui, c’était maintenant un tumulte déclaré ; tout le monde parlait à la fois. Dominant ce vacarme, on pouvait toujours entendre la voix rauque de l’arbitre :

— Les deux seuls hommes de ce district du comté qui puissent réclamer cette noblesse à laquelle appel a été fait sont : un homme qui conduit l’omnibus entre la ville de Milldyke et celle-ci, et un petit frui-