Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/237

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il y avait la lumière ; au dehors, seulement du verre et du plomb. Mais qui était réellement dedans ?… Ces trois murailles avec leurs fenêtres à gâbles, elles semblaient guetter, guetter et attendre, depuis le commencement de toutes ces folies. Qu’attendaient-elles ?

Tout à coup, dans le silence. Olive se heurta contre Rosamund elle-même, debout sous le grand portail. Elle n’eut pas besoin de regarder ce masque tragique admirable ; elle évita même de le regarder, mais elle prit son amie par le bras et balbutia :

— Oh ! je ne sais pas quoi vous dire et j’aurais tant à dire !

Il n’y eut pas de réponse. Elle reprit :

— Quelle honte que cela vous arrive à vous, à vous qui n’avez jamais été que bonne pour tout le monde ! Quelle honte qu’on raconte de pareilles histoires !

Alors Rosamund Severne dit d’une voix morte, affreuse à entendre :

— Il dit toujours la vérité.

— Vous êtes la plus noble femme du monde, Rosamund !

— La plus malheureuse seulement. Ce n’est la faute de personne. On dirait que ce lieu est maudit.

À cet instant, Olive reçut une révélation, et elle comprit soudain le sens de son propre frisson dans l’ombre de ces murs aux aguets.

— Rosamund, il y a une malédiction sur ce lieu, dit-elle. Il y a une malédiction, parce qu’il y a eu jadis une bénédiction. Mais cela n’a rien à faire avec ce qu’a dit cet homme. Ce n’est pas une malédiction sur votre nom, ni sur le nom d’un autre. La malédiction est dans le nom de cette maison.

— Le nom de cette maison ? répéta l’autre d’une voix morne.