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Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/93

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Murrel se trouva, comme Énée, prédestiné à descendre dans le monde inférieur.

Là commença un nouvel et interminable pèlerinage, avec la satisfaction supplémentaire de se sentir profondément enfoui sous la rue, comme dans une soute à charbon sans fin.

— Comme c’est commode, se dit joyeusement Douglas, de trouver tout dans un seul magasin, au lieu d’avoir à faire près de soixante-dix mètres en plein air d’une boutique à l’autre !

Le Singe, cependant, n’abordait pas cette aventure sans instruments mieux adaptés aux circonstances qu’un gourdin et un couteau de chasse. À dire vrai, l’expédition n’était pas tellement hors de ses cordes. Souvent il avait fait des courses pour assortir des rubans ou pour dénicher la nuance exacte d’une cravate. Il était de ceux auxquels on confie toujours de petites corvées, et ce n’était pas la première fois qu’il courait pour le compte de Miss Olive Ashley.

Murrel était de ces bons garçons qu’on rencontre s’occupant d’un chien qui n’est pas leur chien ; dont l’appartement est encombré par des malles et des valises que Bill ou Charlie reprendra en passant de Mésopotamie à New-York ; de ceux qu’on laisse habituellement en arrière pour veiller aux bagages et qu’on voit très bien s’occupant du bébé. Cependant, il n’y perdait rien de sa dignité ; même rien de sa liberté. Il ne perdait pas son air aisé de faire les choses parce que cela lui plaisait. Il avait une façon à lui de transformer toutes les corvées en une sorte d’aventure absurde.

Douglas Murrel sortit gravement de son portefeuille un morceau de papier ancien, raide comme du parchemin, noirci par le temps ou la poussière, sur