Aller au contenu

Page:Choiseul-Meuse - Amélie de Saint-Far, ou la fatale erreur, 1808.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 13 )

lui faire partager sa ferveur ; l’ame tendre d’Amélie se ployait avec facilité à toutes les impressions qu’on se plaisait à lui donner : elle dédaignait les plaisirs de son âge, pour travailler à mériter ceux qu’on lui vantait sans cesse ; sa mère se glorifiait de lui voir des sentimens si élevés ; et, quoiqu’elle n’eût pas d’autres enfans, elle eût consenti volontiers à faire une religieuse de sa fille.

C’est ainsi qu’Amélie fut élevée jusqu’à l’âge de neuf ans : elle passait, dans une cellule ou dans l’oratoire de sa mère, tous les momens dont elle pouvait disposer ; elle avait quelques maîtres que son père avait exigé qu’on lui donnât ; mais comme les arts agréables lui paraissaient inutiles pour gagner le ciel, elle ne s’en occupait que faiblement, et dans la seule vue de plaire à son père.