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Page:Choiseul-Meuse - Amélie de Saint-Far, ou la fatale erreur, 1808.djvu/336

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Et pouvais-je pleurer avant, madame, répondit Amélie avec un visible ressentiment ; savais-je l’affront qui m’était réservé ? Et si je l’avais prévu, au lieu d’avoir recours aux larmes, ne me serais-je pas, par une prompte fuite, dérobée au déshonneur !

Que de grands mots pour de si petites choses, reprit Alexandrine avec des marques de dédain ; vous jouez à ravir le rôle de Lucrèce ; mais plus prudente qu’elle, vous vous contentez de déclamer. Tenez, ma chère Amélie, trêve de belles phrases ; ces grands sentimens sont bons dans les romans ; mais il faut que chaque chose soit à sa place : mettez-vous donc à la vôtre, et songez qu’étant sans fortune et sans appui, vous êtes trop heureuse d’avoir inspiré au duc une passion