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Page:Choiseul-Meuse - Amélie de Saint-Far, ou la fatale erreur, 1808.djvu/338

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fleur moins précieuse qu’elle n’est incommode. Le duc, en la cueillant, s’est acquis sur vous des droits incontestables. Séchez donc vos larmes, et apprêtez vous à goûter des plaisirs que vous dédaignez aujourd’hui, et qui bientôt vous deviendront nécessaires. Tenez, ma bonne amie, je vous le dis franchement, une jeune vierge peut combattre avec fermeté, peut hésiter long-temps à se rendre ; sa vertu, sincère ou non, intéresse toujours ; mais une fille, après avoir perdu sa rose, n’est que ridicule en affectant de la pruderie. Hier matin, ces airs pudibonds vous allaient à ravir ; aujourd’hui il faut que votre ton change, puisque votre personne est changée.

Mon ton ne doit pas changer, madame, puisque mes sentimens ne le sont pas ; j’ignore encore comment j’ai commis cette première faute, que