Page:Choiseul-Meuse - Amélie de Saint-Far, ou la fatale erreur, 1808.djvu/407

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de nouveaux bienfaits, c’étaient autant de liens pour Amélie, et ces liens martyrisaient son cœur.

Alexandrine était de plus en plus malheureuse ; en moins de six mois le colonel avait fait des dettes si considérables, qu’elles absorbaient la moitié de sa fortune. Elle avait été forcée de vendre plusieurs terres pour les acquitter. Ces chagrins domestiques eurent une suite plus funeste encore, pour une femme de ce caractère, que la perte de ces biens, ce fut celle de ses charmes. Alexandrine, jusqu’alors protégée des Grâces, semblait avoir défié le temps ; elle avait conservé la fraîcheur de l’adolescence ; quelques mois de malheurs la flétrirent entièrement, et firent évanouir sa fragile beauté ; chaque jour son miroir lui parlait de sa disgrâce, et la froideur du colonel en était l’écho.