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Page:Choiseul-Meuse - Amélie de Saint-Far, ou la fatale erreur, 1808.djvu/456

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réduite dans cet affreux état ; car Amélie a pu être faible, mais elle ne sera jamais fausse ; si Ernest en a triomphé, elle refusera ma main.

Il faut que l’amour vous aveugle étrangément pour supposer une semblable délicatesse dans un être aussi incapable d’en avoir ! Après tous vos bienfaits, Amélie vous trompe ; après sa faiblesse, elle vous aurait épousé. Remerciez le ciel de ce que cet accident vient rompre un hymen, où vous auriez trouvé le déshonneur.

Le duc soupira profondément, et retourna près d’Amélie ; ses joues, animées par une fièvre ardente, étaient couvertes du plus vif incarnat ; ses yeux brillans ajoutaient à sa physionomie naturelle : elle n’avait jamais été si jolie ! — Le duc la contemplait avec une sombre douleur ; il rappelait à son esprit les instans délicieux qu’il