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Page:Choiseul-Meuse - Julie, ou J’ai sauvé ma rose, 1807.djvu/131

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et sans les séducteurs dont je fus entourée dès l’enfance, je l’aurais toujours été, ce ne fut que par de lentes gradations et avec des peines infinies, que l’on parvint à détruire en moi cette pudeur virginale, si précieuse et si rare.

Le lendemain, il y avait un concert chez Saint-Albin. Je chantai, je fus applaudie, admirée. Ma voix ne manquait jamais de produire le plus grand enthousiasme. Tout le monde commençait à s’apercevoir du goût que Saint-Albin avait pour moi. Ma tante seule ne s’en doutait pas, et lui laissait plus que jamais la liberté de me voir. Mon intimité avec Céline devenait tous les jours plus grande, et les principes de vertu que m’avait donnés Rosa, s’affaiblissaient en proportion. Céline connaissait mon faible. J’étais vaine et voluptueuse ; elle