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Page:Choiseul-Meuse - Julie, ou J’ai sauvé ma rose, 1807.djvu/245

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lecture, il ne manquait jamais le soir de venir lire auprès de mon lit ; il choisissait toujours les livres les plus propres à porter le trouble dans les sens. Souvent dans son œil égaré, les désirs se peignaient de manière à me remplir d’effroi, ses baisers étaient brûlans, et dans ses momens de délire sa main parcourait ce que la main d’un frère n’aurait jamais du toucher. Cependant je n’osais manifester mes craintes ; je rejetais avec horreur l’idée, l’affreuse idée de voir mon frère brûler pour moi d’une flamme incestueuse, et j’allais même jusqu’à me reprocher mes soupçons. Mais Victor ne me laissa pas long-temps dans cette pénible incertitude : me faisant un soir la lecture accoutumée, il la quitta subitement, et se jetant sur mon lit ; Mélanie, me dit-il, ré-