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Page:Choiseul-Meuse - Julie, ou J’ai sauvé ma rose, 1807.djvu/304

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je m’en aperçusse, firent place à la douce confiance et à l’aimable enjoûment. J’avais exigé que Cécile restât avec nous ! mais, en confidente discrète, elle s’était mise à la croisée ; et, comme les rideaux étaient fermés sur elle, il lui était impossible de nous voir. Camille, par sa gaîté, excitait encore la mienne ; il me faisait mille larcins qui semblaient le faire délirer. Le fruit qu’avait touché ma bouche était le seul dont il voulût goûter, et souvent il portait l’audace jusqu’à venir le prendre sur mes lèvres.

Nous n’avions qu’un seul verre pour nous deux : il me faisait toujours boire la première, puis il cherchait avidement l’empreinte légère que mon haleine y avait laissée. Ô vous ! femmes sensibles, qui avez intérêt à être cruelles,