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Page:Choiseul-Meuse - Julie, ou J’ai sauvé ma rose, 1807.djvu/429

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Bellegrade ne se connaît plus, il éprouve un vrai délire : il me couvre partout de ses brûlans baisers, il m’embrase de ses caresses. Bientôt mon ivresse est égale à la sienne, je le presse contre mon cœur, je lui prodigue les noms les plus doux ; mes transports redoublent son audace, il a franchi toutes les barrières, le sacrifice va se consommer. Je m’écrie d’une voix mourante : Bellegrade, sois mon époux !… Ce mot lui rend toute sa raison. Ah, ciel ! s’écrie-t-il avec effroi, en s’arrachant de mes bras, quel crime allais-je commettre ? J’allais moi-même déshonorer celle dont je dois en tout temps protéger l’honneur ! J’allais souiller ma propre femme ! ma Julie ! l’amant allait voler à l’époux ce qu’il n’aurait jamais pu lui rendre ! Ce nom d’époux a dé-