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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/243

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pères, qui vous ont engendrés à la vie éternelle ; c’est par eux que vous avez conquis votre royauté ; ce sont leurs mains qui font tout ; ce sont eux qui vous ouvrent les portes du ciel ; pas de sédition, pas de querelle ; celui qui aime le Christ aimera son prêtre, quel qu’il soit, parce que c’est par lui qu’il jouit des sacrements vénérables. Dites-moi, si vous vouliez voir un palais tout brillant d’or, tout resplendissant de l’éclat des pierreries, si vous alliez trouver celui qui a les clefs, et que sur votre demande il vous ouvrit aussitôt, et vous donnât les moyens d’entrer, cet homme-là, ne le préféreriez-vous pas à tous les hommes ? Ne l’aimeriez-vous pas comme vos yeux ? Ne l’embrasseriez-vous pas ? Le prêtre vous a ouvert le ciel, et vous ne le baisez pas, vous ne l’embrassez pas ? Si vous avez une femme, ne chérissez-vous pas, au plus haut degré, celui qui l’a unie à votre destinée ? Eh bien ! si vous chérissez le Christ, si vous chérissez le royaume du ciel, reconnaissez ceux à qui vous le devez. Voilà pourquoi il dit : « À cause de l’œuvre qu’ils font, conservez la paix avec eux. Je vous prie encore, mes frères, reprenez ceux qui sont déréglés, consolez ceux qui ont l’esprit abattu, supportez les faibles, soyez patients envers tous (14) ».

2. Ici, il s’adresse à ceux qui conduisent « Reprenez ceux qui sont déréglés », ce qui veut dire : Ne les gourmandez pas, en vous prévalant de votre pouvoir ; ne le faites pas avec insolence ; soyez équitables et doux. « Consolez ceux qui, ont l’esprit abattu, supportez les faibles, soyez patients envers tous ». C’est que la réprimande amère produit le désespoir, l’effronterie, quand on la méprise ; par ces raisons, l’apôtre veut que les exhortations soient douces, que le remède soit agréable. Mais quels sont les déréglés ? Ceux qui agissent sans consulter la volonté de Dieu. En effet, la hiérarchie militaire elle-même est moins harmonieuse que la hiérarchie de l’Église. Aussi celui qui fait entendre de mauvaises paroles est déréglé ; celui qui s’enivre est déréglé ; de même l’avare, de même tous les pécheurs. En effet, ils ne s’avancent pas en bon ordre, de manière à former une phalange, mais ils vont en désordre, et voilà pourquoi ils sont renversés. Il est encore une autre espèce de vices qui ne sont pas de la même nature, mais c’est toujours une nature vicieuse. Quel est cet autre mal ? La bassesse de l’âme ; autant que l’indolence, elle est funeste. Qui ne supporte pas l’outrage, a l’âme basse ; qui ne supporte pas la tentation, a l’âme basse ; de celui-là, l’âme est la pierre sur laquelle la semence est tombée. Autre espèce de vice ; c’est la faiblesse. « Supportez les faibles ». Il entend les faibles selon la foi ; car il y a une faiblesse selon la foi ; mais considérez qu’il ne veut pas qu’on les méprise. Ailleurs encore l’apôtre écrivait : « Supportez les faibles dans la foi ». (Rom. 14,1) En effet, nous avons, dans nos corps, des membres faibles ; nous ne les laissons pas dépérir. « Soyez patients envers tous », dit l’apôtre. Eh quoi donc, même envers ceux qui sont déréglés ? Sans doute ; car il n’est pas de remède qui convienne mieux de la part de celui qui enseigne, et il n’en est pas de mieux fait pour ceux qui obéissent. Et ce remède a toute l’énergie capable de rappeler à la pudeur le plus farouche et le plus impudent.

« Prenez garde que nul ne rende à un autre le mal pour le mal (15) ». S’il ne faut pas rendre le mal pour le mal, à bien plus forte raison ne convient-il pas de rendre le mal pour le bien ; à plus forte raison encore, si l’on n’a reçu aucun mal, ne faut-il pas rendre le mal. Mais un tel, dit-on, est un être méchant ; et il m’a, fait beaucoup d’injures. Voulez-vous le punir ? Ne lui rendez pas la pareille ; laissez-le impuni. Est-ce assez ? nullement. « Mais cherchez toujours à faire du bien, et à vos frères, et à tout le monde ». Voilà la sagesse supérieure, qui ne se contente pas de ne pas rendre le mal pour le mal, qui veut, en outre, rendre le bien pour le mal. C’est là, en effet, la vraie vengeance, funeste pour celui qui en est l’objet, entièrement utile pour vous ; disons mieux, utile aussi pour l’autre, si sa volonté y consent. Et ne croyez pas qu’il s’agisse ici seulement des fidèles, car l’apôtre vous dit : « Et à vos frères, et à tout le monde ».

« Soyez toujours dans la joie (16) ». Ceci regarde les épreuves qui jettent l’âme dans la tristesse. Écoutez, tous tant que vous êtes, qui êtes tombés dans la pauvreté ; écoutez, vous tous qui êtes tombés dans l’infortune, car de là naît la joie. Quand nous sommes portés à laisser toute offense impunie, à faire du bien à tous les hommes, d’où viendrait, répondez-moi, l’aiguillon de la douleur qui percerait