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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/124

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claudine à l’école

En redescendant, il me pousse l’idée merveilleuse de grimper dans les échafaudages, puisque les maçons sont encore à déjeuner. Et me voilà tout de suite en haut d’une échelle, puis vagabondant sur les « châfauds » où je m’amuse beaucoup. Aïe ! voilà des ouvriers qui reviennent ! Je me cache derrière un pan de maçonnerie, attendant de pouvoir redescendre ; ils sont déjà sur l’échelle. Bah ! ils ne me dénonceront pas s’ils m’aperçoivent. C’est Houette-le-Rouge et Houette-le-Noir, je les connais bien de vue.

Leurs pipes allumées, ils causent :

— Ben sûr, c’est pas celle-là qui me rendra fou[1].

— Laquelle donc ?

— C’te nouvelle sous-maîtresse qu’est arrivée hier.

— Ah ! dame, elle a pas l’air heureuse, pas si tant que les deux autres.

— Les deux autres, m’en parle pas, j’en suis saoul ; c’est pus rien à mon idée, on dirait l’homme et la femme. Tous les jours je les vois d’ici, tous les jours c’est pareil : ça se liche, ça ferme la fenêtre et on voit pus rien. M’en parle pus ! La petite est pourtant bien plaisante, arriée[2]* ; mais c’est fini. Et l’autre sous-maître qui va l’épouser ! Encore un qu’a rudement de la fiente dans les yeux, pour faire un coup pareil !

  1. « Fou » signifie amoureux.
  2. Explétif intraduisible.