Aller au contenu

Page:Claudine a l'Ecole.pdf/139

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
119
claudine à l’école

ceur de morts et d’accidents graves. » Allons, la crise approche. Mais moi, qui songeais, hier, à mettre en garde la coupable Aimée, je ne veux plus, maintenant, qu’il aille la prévenir. Tant pis pour elle ! Je me sens méchante et avide d’émotions, ce matin, et je m’arrange de façon à retenir Antonin près de moi. Bien simple il suffit d’ouvrir des yeux naïfs et de pencher la tête pour que mes cheveux tombent librement le long de ma figure. Il mord tout de suite à l’hameçon.

— Monsieur, dites-moi un peu si c’est vrai que vous faites des vers charmants ? Je l’ai entendu dire en ville.

C’est un mensonge, bien entendu. Mais j’inventerais n’importe quoi pour l’empêcher de monter chez les institutrices. Il rougit et bégaie, éperdu de joie et de surprise :

— Qui a pu vous dire ?… Mais non, mais je ne mérite pas, certes. C’est singulier, je ne croyais pas en avoir parlé à qui que ce soit !

— Vous voyez, la renommée trahit votre modestie ! (je vais parler comme lui, tout à l’heure) Serait-il indiscret de vous demander…

— Je vous en prie, Mademoiselle… vous me voyez confus. Je ne pourrai vous faire lire que de povres vers… amoureux… mais chastes ! (il bafouille) je n’aurais jamais, naturellement… osé me permettre…

— Monsieur, est-ce que la cloche ne sonne pas la rentrée chez vous ?