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claudine à l’école

— Rien ! oh ! rien, voilà seulement des bourrades dans les épaules, pour te former le cœur et l’esprit, et t’apprendre à ne pas croire aux alibis de la vertueuse Aimée.

Luce se roule sur la table avec un désespoir feint, ravie d’être rudoyée et meurtrie. Mais, j’y pense :

— Anaïs, qu’est-ce que tu racontais donc à Marie Belhomme pour lui faire piquer des fards, que ceux de la Bastille sont pâles à côté !

— Quelle Bastille ?

— Ça n’a pas d’importance. Dis vite.

— Approche-toi un peu.

Sa figure vicieuse pétille ; ça doit être des choses très vilaines.

— Eh bien, voilà. Tu ne sais pas, au dernier réveillon, le maire avait chez lui sa maîtresse, la belle Julotte, et puis son secrétaire avait amené une femme de Paris ; au dessert, ils les ont fait déshabiller toutes les deux, sans chemise, et ils en ont fait autant, et ils se sont mis à danser comme ça un quadrille, ma vieille !

— Pas mal ! Qui t’a dit ça ?

— C’est papa qui l’a raconté à maman ; j’étais couchée, seulement on laisse toujours la porte de ma chambre ouverte, parce que je prétends que j’ai peur, et alors j’entends tout.

— Tu ne t’embêtes pas. Il en raconte souvent comme ça, ton père ?