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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/192

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claudine à l’école

dre, rien. Ô petite Claudine, tu me plais tant, avec tes yeux d’un brun chaud et tes boucles folles ! Tu es faite comme une petite statue adorable, je suis sûr…

Il se dresse brusquement, m’enveloppe et m’embrasse ; je n’ai pas eu le temps de me sauver, il est trop fort et trop nerveux, et mes idées sont en salade dans ma tête… En voilà une aventure ! Je ne sais plus ce que je dis, ma cervelle tourne… Je ne peux pourtant pas rentrer en classe, rouge et secouée comme je suis, et je le sens derrière moi qui va vouloir m’embrasser encore, sûrement… J’ouvre la porte du perron, je dévale dans la cour jusqu’à la pompe où je bois un gobelet d’eau. Ouf !… Il faut remonter. Mais il doit s’être embusqué dans le couloir. Ah ! et puis zut ! Je crierai s’il veut me reprendre. C’est qu’il m’a embrassée sur le coin de la bouche, ne pouvant faire mieux, cet animal-là !

Non, il n’est plus dans le corridor, quelle chance ! Je rentre dans la classe, et je le vois debout, près du bureau, causant tranquillement avec Mlle Sergent. Je m’assieds à ma place, il me dévisage et demande :

— Tu n’as pas bu trop d’eau, au moins ? Ces gosses, ça avale des gobelets d’eau froide, c’est détestable pour la santé.

Je suis plus hardie, devant tout le monde.

— Non, je n’ai bu qu’une gorgée, c’est bien assez, je n’en reprendrai pas.