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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/193

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claudine à l’école

Il rit d’un air content :

— Tu es drôle, tu n’es pas trop bête.

Mlle Sergent ne comprend pas, mais l’inquiétude qui plissait ses sourcils s’efface peu à peu ; elle n’a plus que du mépris pour la tenue déplorable que j’affiche avec son idole.

J’en ai chaud, moi ; il est stupide ! La grande Anaïs flaire quelque chose de suspect et ne peut se tenir de me demander : « Il t’a donc auscultée de bien près, que tu es si émue ? » Mais ce n’est pas elle qui me fera parler : « Tu es bête ! Je te dis que je viens de la pompe. » La petite Luce, à son tour, se frotte contre moi comme une chatte énervée et se risque à me questionner : « Dis, ma Claudine, qu’est-ce qu’il a donc à t’emmener comme ça ?

— D’abord, je ne suis pas « ta » Claudine ; et puis ça ne te regarde pas, petite arnie[1]. Il avait à me consulter sur l’unification des retraites. Parfaitement.

— Tu ne veux jamais rien me dire, et moi je te dis tout !

— Tout quoi ? Ça m’avance à grand’chose de savoir que ta sœur ne paie pas sa pension, ni la tienne, et que Mlle Olympe la couvre de cadeaux, et qu’elle porte des jupons en soie, et que…

— Houche ! Tais-toi, je t’en prie ! Je serais perdue si on savait que je t’ai raconté tout ça !

  1. Terme de mépris ; outil en mauvais état.