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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/246

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claudine à l’école

prend l’alphabet par la queue. Une boulotte se précipite ; elle porte le chapeau blanc, enguirlandé de marguerites de l’école de Villeneuve.

— « Mlle Mariblom ! » glapit le père Sallé qui croit prendre le milieu de l’alphabet et lit tout de travers. Marie Belhomme s’avance cramoisie, et s’assied sur la chaise en face du père Sallé : il la dévisage et lui demande si elle sait ce que c’est que l’Iliade. Luce, derrière moi, soupire : « Au moins, elle, elle a commencé, c’est le tout de commencer. »

Les concurrentes inoccupées, dont je suis, se dispersent timidement, s’éparpillent et vont écouter leurs collègues placées sur la sellette. Moi, je vais assister à l’examen de la jeune Aubert pour me réjouir un peu. À l’instant où je m’approche, le père Lacroix lui demande : « Alors, vous ne savez pas qui avait épousé Philippe le Bel ! »

Elle a les yeux hors de la tête, la figure rouge et luisante de sueur ; ses mitaines laissent passer des doigts comme des saucisses : « Il avait épousé,… non, il n’avait pas épousé… Môssieur, môssieur, crie-t-elle tout à coup, j’ai tout oublié, tout ! » Elle tremble, elle a de grosses larmes qui roulent. Lacroix la regarde, mauvais comme la gale : « Vous avez tout oublié ? Avec ce qui vous reste, on a un joli zéro. »

— Oui, oui, bégaye-t-elle, mais ça ne fait rien, j’aime mieux m’en aller chez nous, ça m’est égal…

On l’emmène, hoquetante de gros sanglots, et, par la fenêtre, je l’entends dehors dire à son ins-