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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/270

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claudine à l’école

rose vineux, et les Ave Maria aux fleurs en petites croix blanches. Joyeuses d’être lâchées, de ne pas avoir d’Histoire de France à repasser ni de cartes à mettre en couleur, nous courons devant et derrière ces demoiselles, qui marchent bras sur bras, unies et rythmant leur pas. Aimée a embrassé sa sœur, lui a donné une tape sur la joue en lui disant : « Tu vois bien, petite serine, qu’on s’en tire tout de même ! » Et maintenant elle n’a plus d’yeux, d’oreilles que pour sa grande amie.

Désappointée une fois de plus, la pauvre Luce s’attache à ma personne et me suit comme une ombre, en murmurant des moqueries et des menaces :

« C’est vraiment la peine qu’on se brège[1] la cervelle pour recevoir des compliments comme ça !… Elles ont bonne touche toutes les deux ; ma sœur pendue à l’autre comme un panier !… Devant tous les gens qui passent, si ça fait pas soupirer ! » Elles s’en fichent pas mal des gens qui passent.

Rentrée triomphale ! Tout le monde sait d’où nous venons, et le résultat de l’examen, télégraphié par Mademoiselle ; les gens se montrent sur leurs portes et nous font des signes amicaux. Marie sent croître sa détresse et disparaît le plus qu’elle peut.

D’avoir quelques jours quitté l’École, nous la voyons mieux en la retrouvant : achevée, parachevée, léchée, blanche, la mairie au milieu, flanquée

  1. Endommage.