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claudine à l’école

exclamations partent, se mêlent, et le tumulte croît, troué d’une petite voix pointue : « Est-ce que le ministre va nous interroger ? » On hue Marie Belhomme, la cruche, qui a demandé ça.

Mademoiselle nous fait mettre en rang, quoique l’heure ne soit pas encore venue, et nous lâche, criardes et bavardes, pour aller éclaircir ses idées et prendre des dispositions en vue de l’événement inouï qui se prépare.

— Ma vieille, qu’est-ce que tu dis de ça ? me demande Anaïs dans la rue.

— Je dis que nos vacances commenceront huit jours plus tôt, ça ne me fait pas rire ; je m’ennuie quand je ne peux pas venir à l’école.

— Mais il va y avoir des fêtes, des bals, des jeux sur les places.

— Oui, et beaucoup de gens devant qui parader, je t’entends bien ! Tu sais, nous serons très en vue, Dutertre, qui est l’ami particulier du nouveau ministre (c’est à cause de lui que cette Excellence de fraîche date se risque dans un trou comme Montigny), nous mettra en avant…

— Non ? tu crois ?

— Sûr ! C’est un coup qu’il a monté pour dégommer le député !

Elle s’en va radieuse, rêvant de fêtes officielles pendant lesquelles dix mille paires d’yeux la contempleront !

Le tambour de ville a crié la nouvelle ; on nous