Aller au contenu

Page:Claudine a l'Ecole.pdf/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
295
CLAUDINE À L’ÉCOLE

— Mais… les chœurs, l’Hymne à la Nature ?

— Vous les chanterez demain, devant le ministre. Disparaissez !

Cette allocution a consterné pas mal de petites filles qui attendaient la distribution des prix comme une fête unique dans l’année ; elles s’en vont perplexes et pas contentes sous les arceaux de verdure fleurie.

Les gens de Montigny, fatigués et fiers, se reposent assis sur les seuils et contemplent leur œuvre ; les jeunes filles usent le reste du jour qui s’éteint à coudre un ruban, à poser une dentelle au bord d’un décolletage improvisé, pour le grand bal de la Mairie, ma chère !

Demain matin, au jour, les gars sèmeront la jonchée sur le parcours du cortège ; des herbes coupées, des feuilles vertes, mêlées de fleurs et de roses effeuillées. Et si le ministre Jean Dupuy n’est pas content, c’est qu’il sera trop difficile, zut pour lui !

Mon premier mouvement, en ouvrant ce matin les yeux, c’est de courir à la glace ; — dame, on ne sait pas, s’il m’était poussé une fluxion cette nuit ? Rassurée, je me toilette soigneusement : temps admirable, il n’est que six heures ; j’ai le temps de me fignoler. Grâce à la sécheresse de l’air, mes cheveux font bien « le nuage ». Petite figure toujours un peu pâlotte et pointue, mais, je