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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/85

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claudine à l’école

autour d’elle. Je parie qu’elle se sent vaguement coupable envers moi. Continuons :

— Dites, elle vous témoigne toujours autant d’amitié, l’horrible rousse ? Est-ce que les rages et les caresses de l’autre soir ont recommencé ?

— Mais non… elle est très bonne pour moi… Je vous assure qu’elle me soigne beaucoup.

— Elle ne vous a pas « magnétisée » de nouveau ?

— Oh ! non, il n’est pas question de ça. Je crois que j’ai exagéré un peu, l’autre soir, parce que j’étais énervée.

Eh là ! la voilà tout près de perdre contenance ! Tant pis, je veux savoir. Je me rapproche d’elle et lui prends ses mains, ses toutes petites mains.

— Oh ! chérie, racontez moi ce qu’il y a encore ! Vous ne voulez donc plus rien dire à votre pauvre Claudine qui a eu tant de peine avant-hier ?

Mais on dirait qu’elle vient de se ressaisir, brusquement décidée à se taire ; elle prend par degré un petit air calme, faussement naturel, et me regarde de ses yeux de chat, menteurs et clairs.

— Non, Claudine, voyons, puisque je vous assure qu’elle me laisse tout à fait tranquille, et que même elle se montre très bonne. Nous la faisions plus mauvaise qu’elle ne l’est, vous savez.

Qu’est-ce que c’est que cette voix froide, et ces yeux fermés, tout larges ouverts qu’ils sont ? C’est sa voix de classe, ça, je n’en veux pas ! Je renfonce mon envie de pleurer pour ne pas paraître