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Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/63

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PROMENADE EN HOLLANDE.

ventrues ; à son manteau flottait un rideau coquet, blanc à fleurs bleues, en toile imprimée de Harlem. À côté de la cheminée était une fontaine à jet jaillissant, qui défrayait le lavage incessant de toute la maison. L’épaisse table de bois qui remplissait le milieu de la cuisine était d’une blancheur de marbre ; l’action réitérée du savon et de la pierre ponce avait effacé les pores du bois, durci à l’égal d’un métal. Du gibier, des volailles, de belles tranches de viande et quelques pyramides de fruits et de légumes, se dressaient sur cette table. Deux offices pour les provisions étaient en retour de la cuisine et s’ouvraient sur la façade de la maison, d’où l’on apercevait la Meuse.

La moins accablée de nos héroïnes, celle qui voulait nous retenir à dîner, dit quelques mots à la grosse servante ; puis nous montâmes le roide escalier aux marches et à la rampe en noyer ciré qui conduisait au parloir. Ici, il me faut encore décrire. Les deux héroïnes m’avaient fait asseoir sur une bergère en damas rose et blanc, à bois doré, et, tandis qu’elles causaient quelques instants à voix basse avec le docteur, qui m’avait dit : « Vous permettez ? c’est une consultation, » je considérais les objets puérils et gracieux entassés dans la pièce où nous étions. Mes pieds reposaient sur un moelleux tapis turc, où se déroulaient des versets du Coran. Une table ronde en mosaïque fond noir, et