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Page:Condorcet - Observations de Condorcet sur le vingt-neuvième livre de L'esprit des lois.pdf/35

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sur le xxixe. liv. de l’esprit des lois.

de la circonscrire avec exactitude, examiner, après l’avoir réglée selon la raison et la justice, si elle n’est en contradiction avec aucunes lois établies, et détruire soigneusement toutes celles-ci, comme on détruit toutes les racines d’un mal qu’on veut extirper. Cependant, il vaudrait mieux laisser subsister une bonne loi en contradiction avec une mauvaise qu’on n’aurait pu détruire, que de laisser la mauvaise seule.

Pour une loi particulière, si l’on veut être sûr qu’elle soit bonne, il faudra l’examiner, non pas isolée, mais dans son rapport avec toutes celles qui doivent entrer dans un bon système de lois pour la branche de législation à laquelle elle appartient, et avec l’état actuel de cette branche de législation. Alors, il peut arriver, ou que la loi qu’on veut faire, doive entrer dans un bon système de législation, ou qu’elle ne soit utile et juste que parce qu’elle s’oppose à l’injustice qui résulte d’une mauvaise loi qu’on ne peut changer.

Dans le premier cas, il faut se conformer à la justice absolue ; dans le second, à la justice relative. Dans le premier, la loi doit être présentée comme une véritable loi ; dans le