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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/105

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ami le capitaine Noé Poke. Parmi les langues vivantes dont j’avais quelque teinture, le danois et le suédois étaient celles qui ressemblaient le plus à ce que j’entendais. Mais dès qu’il me fut possible de distinguer quelques syllabes, je doutai fort, et c’est une question que je m’adresse encore maintenant, qu’il existât dans l’une de ces deux langues un mot semblable à my-bom-y-nos-fos-kom-i-ton.

Cette incertitude me devint insupportable. Les doutes classiques qui me tourmentaient étaient un véritable martyre : me levant avec la plus grande précaution, pour ne pas alarmer les interlocuteurs, je me disposai à me tirer d’embarras en employant tout simplement la voie de l’observation directe.

Les voix venaient de l’antichambre, dont la porte était quelque peu entr’ouverte. Je jetai sur mes épaules une robe de chambre, et, mettant mes pantoufles, je m’avançai sur la pointe des pieds jusqu’à l’ouverture, où je plaçai mon œil de manière à pouvoir distinguer aisément les personnes qui continuaient à causer avec vivacité dans la chambre voisine. Mon étonnement cessa en apercevant les quatre Monikins groupés dans un coin de l’appartement où ils entretenaient une conversation très-animée, dans laquelle tes deux plus âgés, un mâle et une femelle, jouaient le principal rôle. On ne saurait s’attendre à ce que même un gradué d’Oxford, quoique appartenant à une secte devenue si proverbiale pour son érudition classique, que beaucoup de ses membres ne savent guère autre chose, pût se prononcer tout d’abord sur les analogies et le caractère d’une langue si peu cultivée, même dans ce siège antique de la science. Quoique j’eusse alors, sans aucun doute, atteint directement la racine du dialecte des interlocuteurs, il m’était tout-à-fait impossible de me rendre tant soit peu compte du sens général de la conversation. Toutefois, comme c’étaient mes hôtes, après tout, et qu’il pouvait leur manquer quelques-unes des commodités particulières à leur race, ou qu’ils éprouvaient peut-être des inconvénients plus graves encore, je sentis que c’était un devoir pour moi de passer au-dessus des formes ordinaires de politesse, et de leur offrir d’abord tout ce qu’il était en mon pouvoir de leur procurer, au risque d’interrompre des affaires qu’ils considéraient peut-être comme confidentielles. Ayant donc pris la précaution de faire un peu de bruit, ce qui était le meilleur moyen d’annoncer mon arrivée, j’ouvris tout