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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/176

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390Afin qu’avec loisir vous puissiez le connoître[1],
Examiner sa taille, et sa mine, et son air,
Et voir quel est l’époux que je vous veux donner.
Il vint hier de Poitiers, mais il sent peu l’école ;
Et si l’on pouvoit croire un père à sa parole,
395Quelque écolier qu’il soit, je dirois qu’aujourd’hui
Peu de nos gens de cour sont mieux taillés que lui.
Mais vous en jugerez après la voix publique.
Je cherche à l’arrêter, parce qu’il m’est unique,
Et je brûle surtout de le voir sous vos lois.

CLARICE.

400Vous m’honorez beaucoup d’un si glorieux choix :
Je l’attendrai, Monsieur, avec impatience,
Et je l’aime déjà sur cette confiance.


Scène II.

ISABELLE, CLARICE[2].
ISABELLE.

Ainsi vous le verrez, et sans vous engager.

CLARICE.

Mais pour le voir ainsi qu’en pourrai-je juger ?
405J’en verrai le dehors, la mine, l’apparence ;
Mais du reste, Isabelle, où prendre l’assurance ;
Le dedans paroît mal en ces miroirs flatteurs ;
Les visages souvent sont de doux imposteurs :
Que de défauts d’esprit se couvrent de leurs grâces,
Et que de beaux semblants cachent des âmes basses !
Les yeux en ce grand choix ont la première part[3] ;

  1. Var. Afin qu’avec loisir vous le puissiez connoître. (1644-56)
  2. Var. CLARICE, ISABELLE. (1644-60)
  3. Var. Quoique en ce choix les yeux aient la première part,
    Qui leur défère tout met beaucoup au hasard. (1644-56)