Sa défaite est fâcheuse à moins que d’être prompte ;
Le temps n’est pas un Dieu qu’elle puisse braver,
Et son honneur se perd à le trop conserver.
Ainsi vous quitteriez Alcippe pour un autre
De qui l’humeur auroit de quoi plaire à la vôtre[1] ?
Oui, je le quitterois ; mais pour ce changement
Il me faudroit en main avoir un autre amant[2],
Savoir qu’il me fût propre, et que son hyménée
Dût bientôt à la sienne unir ma destinée[3].
Mon humeur sans cela ne s’y résout pas bien ;
Car Alcippe, après tout, vaut toujours mieux que rien ;
Son père peut venir, quelque longtemps qu’il tarde.
[4],
Lucrèce est votre amie et peut beaucoup pour vous ;
Elle n’a point d’amants qui deviennent jaloux[5] :
Qu’elle écrive à Dorante, et lui fasse paroître
Qu’elle veut cette nuit le voir par la fenêtre.
Comme il est jeune encore, on l’y verra voler ;
Et là, sous ce faux nom, vous pourrez lui parler[6],
Sans qu’Alcippe jamais en découvre l’adresse,
Ni que lui-même pense à d’autres qu’à Lucrèce.
- ↑ Var. Dont vous verriez l’humeur rapportante (a) à la vôtre ? (1644-56)
(a) Les éditions de 1648-56 donnent rapportant, sans accord.
- ↑ Var. Je voudrois en ma main avoir un autre amant,
Sûre qu’il me fût propre, et que son hyménée. (1644-56) - ↑ Un vers presque semblable se trouve dans l’Iphigénie de Racine (acte I, scène ii) :
On dit qu’Iphigénie, en ces lieux amenée,
Doit bientôt à son sort unir ma destinée. - ↑ Var. Pour en venir à bout sans que rien se hasarde, (1644-56)
- ↑ Var. Elle n’a point d’amant qui devienne jaloux. (1644-63)
- ↑ Var. Et là, sous ce faux nom, vous lui pourrez parler. (1644-56)