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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/19

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Toutefois l’idée de transporter à la scène les plus beaux morceaux de la Pharsale ne s’est pas offerte d’elle-même à Corneille : il la doit bien évidemment à Chaulmer, auteur d’une traduction abrégée des Annales de Baronius, qui a publié en 1638, chez Antoine de Sommaville, un des libraires de notre poëte, la Mort de Pompée, tragédie. Cette pièce, dédiée à Richelieu, diffère tout à fait par le plan de celle de Corneille. Elle a, il est vrai, le mérite de mieux justifier son titre, car Pompée en est le principal personnage, mais ce mérite est à peu près le seul qu’elle possède. L’auteur a eu cependant la pensée de substituer à l’unique discours de Photin sur le parti à prendre à l’égard de Pompée une véritable délibération, déjà dramatique, qui a été de quelque utilité à Corneille pour l’admirable scène par laquelle sa pièce commence[1].

Rappelons, pour être complet, que Garnier a publié en 1574 une tragédie intitulée Cornélie. On y trouve, entre la veuve de Pompée et Philippe, l’affranchi de Pompée, une scène déclamatoire et peu intéressante, mais dont toutefois certains traits ont fourni à Voltaire de curieux rapprochements avec la pièce de Corneille. Nous les avons reproduits dans les notes dont notre texte est accompagné[2].

Corneille nous apprend qu’il composa la Mort de Pompée dans le même hiver que le Menteur[3] ; les frères Parfait la placent la dernière parmi les pièces de l’année 1641, mais ils ne disent pas sur quel théâtre elle a été représentée. D’après le Journal du Théâtre françois de Mouhy[4], la tragédie de Chaulmer fut jouée par la troupe du Marais en 1638[5], et celle de Corneille en 1641, par la troupe Royale[6]. Au premier abord, cette assertion semble être confirmée par un passage d’une mazarinade de 1649, intitulée Lettre de Bellerose à l’abbé de la Rivière. En effet, la femme de Bellerose, comédienne de l’hôtel de Bourgogne, y est appelée « cette Cléopatre… cette impératrice de

  1. Voyez la seconde partie de l’Appendice qui suit Pompée, p. 111-115.
  2. Voyez p. 87, note 1, et p. 90, note 3.
  3. Voyez ci-après l’Épître placée en tête du Menteur, p. 130.
  4. Voyez tome III, p. 467, note 1.
  5. Tome II, fol. 756 recto.
  6. Tome II, fol. 814 recto.