Aller au contenu

Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ALCIPPE.

Si du jour qui s’enfuit la lumière est fidèle,
Je pense l’entrevoir avec son Isabelle.
Je suivrai tes[1] conseils, et fuirai son courroux
Jusqu’à ce qu’elle ait ri de m’avoir vu jaloux.


Scène III.

CLARICE, ISABELLE.
CLARICE.

845Isabelle, il est temps, allons trouver Lucrèce.

ISABELLE.

Il n’est pas encor tard, et rien ne vous en presse.
Vous avez un pouvoir bien grand sur son esprit :
À peine ai-je parlé, qu’elle a sur l’heure écrit.

CLARICE.

Clarice à la servir ne seroit pas moins prompte.
850Mais dis, par sa fenêtre as-tu bien vu Géronte ?
Et sais-tu que ce fils qu’il m’avoit tant vanté
Est ce même inconnu qui m’en a tant conté ?

ISABELLE.

À Lucrèce avec moi je l’ai fait reconnoître ;
Et sitôt que Géronte a voulu disparoître,
855Le voyant resté seul avec un vieux valet[2],
Sabine à nos yeux même a rendu le billet.
Vous parlerez à lui.

CLARICE.

Vous parlerez à lui.Qu’il est fourbe, Isabelle.

ISABELLE.

Eh bien ! cette pratique est-elle si nouvelle ?

  1. Il y a tes dans toutes les éditions publiées du vivant de Corneille, bien qu’Alcippe d’ordinaire ne tutoie pas Dorante. L’impression de 1692 donne vos.
  2. Var. Le voyant resté seul avecque son valet. (1644-56)