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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/203

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910Quel fruit auprès de vous il en ose prétendre.
Mais qu’allez-vous donc faire ? et pourquoi lui parler ?
Est-ce à dessein d’en rire, ou de le quereller ?

CLARICE.

Je prendrai du plaisir du moins à le confondre.

ISABELLE.

J’en prendrois davantage à le laisser morfondre.

CLARICE.

915Je veux l’entretenir par curiosité[1].
Mais j’entrevois quelqu’un dans cette obscurité,
Et si c’étoit lui-même, il pourroit me connoître[2] :
Entrons donc chez Lucrèce, allons à sa fenêtre,
Puisque c’est sous son nom que je lui dois parler.
920Mon jaloux, après tout, sera mon pis aller :
Si sa mauvaise humeur déjà n’est apaisée,
Sachant ce que je sais, la chose est fort aisée.


Scène IV.

DORANTE, CLITON.
DORANTE.

Voici l’heure et le lieu que marque le billet.

CLITON.

J’ai su tout ce détail d’un ancien valet.
925Son père est de la robe, et n’a qu’elle de fille ;
Je vous ai dit son bien, son âge, et sa famille.
Mais, Monsieur, ce seroit pour me bien divertir,
Si comme vous Lucrèce excelloit à mentir :
Le divertissement seroit rare, ou je meure !
930Et je voudrois qu’elle eût ce talent pour une heure ;

  1. Var. Non, je lui veux parler par curiosité. (164-56)
  2. Var. Et si c’étoit lui-même, il me pourroit connoître. (1644-56)