Mais qu’allez-vous donc faire ? et pourquoi lui parler ?
Est-ce à dessein d’en rire, ou de le quereller ?
Je prendrai du plaisir du moins à le confondre.
J’en prendrois davantage à le laisser morfondre.
[1].
Mais j’entrevois quelqu’un dans cette obscurité,
Et si c’étoit lui-même, il pourroit me connoître[2] :
Entrons donc chez Lucrèce, allons à sa fenêtre,
Puisque c’est sous son nom que je lui dois parler.
Mon jaloux, après tout, sera mon pis aller :
Si sa mauvaise humeur déjà n’est apaisée,
Sachant ce que je sais, la chose est fort aisée.
Scène IV.
Voici l’heure et le lieu que marque le billet.
J’ai su tout ce détail d’un ancien valet.
Son père est de la robe, et n’a qu’elle de fille ;
Je vous ai dit son bien, son âge, et sa famille.
Mais, Monsieur, ce seroit pour me bien divertir,
Si comme vous Lucrèce excelloit à mentir :
Le divertissement seroit rare, ou je meure !
Et je voudrois qu’elle eût ce talent pour une heure ;