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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/206

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CLARICE.

965Jusqu’à vous marier, quand je sais que vous l’êtes ?

DORANTE.

Moi, marié ! ce sont pièces qu’on vous a faites ;
Quiconque vous l’a dit s’est voulu divertir.

CLARICE, à Lucrèce.

Est-il un plus grand fourbe ?

LUCRÈCE, à Clarice.

Est-il un plus grand fourbe ?Il ne sait que mentir.

DORANTE.

Je ne le fus jamais ; et si par cette voie,
On pense…

CLARICE.

970On pense…Et vous pensez encor que je vous croie ?

DORANTE.

Que le foudre à vos yeux m’écrase, si je mens[1] !

CLARICE.

Un menteur est toujours prodigue de serments.

DORANTE.

Non, si vous avez eu pour moi quelque pensée
Qui sur ce faux rapport puisse être balancée,
975Cessez d’être en balance, et de vous défier
De ce qu’il m’est aisé de vous justifier.

CLARICE, à Lucrèce.

On diroit qu’il est vrai, tant son effronterie
Avec naïveté pousse une menterie.

DORANTE.

Pour vous ôter de doute, agréez que demain
980En qualité d’époux je vous donne la main.

CLARICE.

Eh ! vous la donneriez en un jour à deux mille.

  1. Var. Que la foudre à vos yeux m’écrase, si je mens ! (1644-56)