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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/216

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ALCIPPE.

Je suis heureux : mon père…Eh bien ?Vient d’arriver.

CLITON, à Dorante.

Cette place pour vous est commode à rêver.

DORANTE.

Ta joie est peu commune, et pour revoir un père
1150Un tel homme que nous ne se réjouit guère[1].

ALCIPPE.

Un esprit que la joie entièrement saisit,
Présume qu’on l’entend au moindre mot qu’il dit[2].
Sache donc que je touche à l’heureuse journée
Qui doit avec Clarice unir ma destinée :
1155On attendoit mon père afin de tout signer.

DORANTE.

C’est ce que mon esprit ne pouvoit deviner ;
Mais je m’en réjouis. Tu vas entrer chez elle ?

ALCIPPE.

Oui, je lui vais porter cette heureuse nouvelle ;
Et je t’en ai voulu faire part en passant.

DORANTE.

1160Tu t’acquiers d’autant plus un cœur reconnoissant.
Enfin donc ton amour ne craint plus de disgrâce ?

ALCIPPE.

Cependant qu’au logis mon père se délasse,
J’ai voulu par devoir prendre l’heure du sien.

CLITON, à Dorante.

Les gens que vous tuez se portent assez bien.

ALCIPPE.

1165Je n’ai de part ni d’autre aucune défiance.
Excuse d’un amant la juste impatience :
Adieu.

  1. Var. Un homme tel que nous ne se réjouit guère. (16644-68)
  2. Var. Croit qu’on doive l’entendre au moindre mot qu’il dit. (1644-56)