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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/219

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CLITON.

Vous savez donc l’hébreu ?

DORANTE.

Vous savez donc l’hébreu ?L’hébreu ? parfaitement :
1200J’ai dix langues, Cliton, à mon commandement.

CLITON.

Vous auriez bien besoin de dix des mieux nourries[1],
Pour fournir tour à tour à tant de menteries ;
Vous les hachez menu comme chair à pâtés.
Vous avez tout le corps bien plein de vérités,
Il n’en sort jamais une[2].

DORANTE.

1205Il n’en sort jamais une.Ah ! cervelle ignorante !
Mais mon père survient.


Scène IV.

GÉRONTE, DORANTE, CLITON.
GÉRONTE.

Mais mon père survient.Je vous cherchois, Dorante.

DORANTE.

Je ne vous cherchois pas, moi. Que mal à propos
Son abord importun vient troubler mon repos !
Et qu’un père incommode un homme de mon âge !

GÉRONTE.

1210Vu l’étroite union que fait le mariage,
J’estime qu’en effet c’est n’y consentir point,
Que laisser désunis ceux que le ciel a joints.

  1. Var. Vous avez bien besoin de dix des mieux nourries. (1644 et 48)
    Var. Vous aviez bien besoin de dix des mieux nourries. (1652-56)
  2. C’est dans ce sens que « M. de Bautru, parlant d’une personne dont il n’étoit pas encore sorti un bon mot, disoit : « Il est toujours plein de bons mots. » (Ménagiana, tome II, p. 289.)