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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/224

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CLITON.

Dépêche, tends la main.Qu’elle y fait de façons !
1280Je lui veux par pitié donner quelques leçons :
Chère amie, entre nous, toutes tes révérences
En ces occasions ne sont qu’impertinences ;
Si ce n’est assez d’une, ouvre toutes les deux :
Le métier que tu fais ne veut point de honteux.
1285Sans te piquer d’honneur, crois qu’il n’est que de prendre,
Et que tenir vaut mieux mille fois que d’attendre.
Cette pluie est fort douce ; et quand j’en vois pleuvoir,
J’ouvrirois jusqu’au cœur pour la mieux recevoir.
On prend à toutes mains dans le siècle où nous sommes,
1290Et refuser n’est plus le vice des grands hommes.
Retiens bien ma doctrine  ; et pour faire amitié,
Si tu veux, avec toi je serai de moitié.

SABINE.

Cet article est de trop.

DORANTE.

Cet article est de trop.Vois-tu, je me propose
De faire avec le temps pour toi toute autre chose.
1295Mais comme j’ai reçu cette lettre de toi,
En voudrois-tu donner la réponse pour moi ?

SABINE.

Je la donnerai bien, mais je n’ose vous dire
Que ma maîtresse daigne ou la prendre, ou la lire :
J’y ferai mon effort.

CLITON.

J’y ferai mon effort.Voyez, elle se rend
1300Plus douce qu’une épouse, et plus souple qu’un gant.

DORANTE.

Le secret a joué. Présente-la, n’importe ;
Elle n’a pas pour moi d’aversion si forte.
Je reviens dans une heure en apprendre l’effet.