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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/247

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DORANTE, à Clarice.

1675Voyons s’il continue.Ah ! que loin de vos yeux
Les moments à mon cœur deviennent ennuyeux !
Et que je reconnois par mon expérience
Quel supplice aux amants est une heure d’absence !

CLARICE, à Lucrèce.

Il continue encor.

LUCRÈCE, à Clarice.

Il continue encor.Mais vois ce qu’il m’écrit.

CLARICE, à Lucrèce.

Mais écoute.

LUCRÈCE, à Clarice.

1680Mais écoute.Tu prends pour toi ce qu’il me dit.

CLARICE.

Éclaircissons-nous-en. Vous m’aimez donc, Dorante ?

DORANTE, à Clarice.

Hélas ! que cette amour vous est indifférente !
Depuis que vos regards m’ont mis sous votre loi…

CLARICE, à Lucrèce.

Crois-tu que le discours s’adresse encore à toi ?

LUCRÈCE, à Clarice.

Je ne sais où j’en suis.

CLARICE, à Lucrèce.

1685Je ne sais où j’en suis.Oyons la fourbe entière.

LUCRÈCE, à Clarice.

Vu ce que nous savons, elle est un peu grossière.

CLARICE, à Lucrèce.

C’est ainsi qu’il partage entre nous son amour :
Il te flatte de nuit, et m’en conte de jour[1].

DORANTE, à Clarice.

Vous consultez ensemble ! Ah ! quoi qu’elle vous die,
1690Sur de meilleurs conseils disposez de ma vie :

  1. Var. Il t’en conte de nuit, comme il me fait de jour. (1644-56)