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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/248

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Le sien auprès de vous me seroit trop fatal :
Elle a quelque sujet de me vouloir du mal.

LUCRÈCE, en elle-même.

Ah ! je n’en ai que trop, et si je ne me venge…

CLARICE, à Dorante.

Ce qu’elle me disoit est de vrai fort étrange.

DORANTE.

1695C’est quelque invention de son esprit jaloux.

CLARICE.

Je le crois ; mais enfin me reconnoissez-vous ?

DORANTE.

Si je vous reconnois ! quittez ces railleries,
Vous que j’entretins hier dedans les Tuileries,
Que je fis aussitôt maîtresse de mon sort.

CLARICE.

1700Si je veux toutefois en croire son rapport,
Pour une autre déjà votre âme inquiétée[1]

DORANTE.

Pour une autre déjà je vous aurois quittée ?
Que plutôt à vos pieds mon cœur sacrifié…

CLARICE.

Bien plus, si je la crois, vous êtes marié.

DORANTE.

1705Vous me jouez, Madame, et sans doute pour rire,
Vous prenez du plaisir à m’entendre redire
Qu’à dessein de mourir en des liens si doux
Je me fais marié pour toute autre que vous[2].

CLARICE.

Mais avant qu’avec moi le nœud d’hymen vous lie,

  1. Var. Votre âme du depuis ailleurs s’est engagée.
    DOR. Pour un autre déjà je vous aurois changée ? (1644-56)
  2. Var. Je me fais marié pour tout (a) autre que vous.
    CLAR. Et qu’avant que l’hymen avecque moi vous lie. (1644-56)

    (a) Voyez plus haut la note du vers 1020.