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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/25

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À MONSEIGNEUR
L’ÉMINENTISSIME CARDINAL MAZARIN[1].

Monseigneur,

Je présente le grand Pompée à Votre Éminence, c’est-à-dire le plus grand personnage de l’ancienne Rome au plus illustre de la nouvelle. Je mets sous la protection du premier ministre de notre jeune roi un héros qui dans sa bonne fortune fut le protecteur de beaucoup de rois, et qui dans sa mauvaise eut encore des rois pour ses ministres. Il espère de la générosité de Votre Éminence qu’elle ne dédaignera pas de lui conserver cette seconde vie que j’ai tâché de lui redonner, et que lui rendant cette justice qu’elle fait rendre par tout le royaume, elle le vengera pleinement de la mauvaise politique de la cour d’Égypte. Il l’espère, et avec raison, puisque dans le peu de séjour qu’il a fait en France, il a déjà su de la voix publique que les maximes dont vous vous servez pour la conduite de cet État ne sont point fondées sur d’autres principes que sur ceux de la vertu. Il a su d’elle les obligations que vous a la France de l’avoir choisie pour votre seconde mère, qui vous est d’autant plus redevable, que les grands services que vous lui rendez sont de purs effets de votre inclination et de votre

  1. Giulio Mazarini, dit Mazarin, né en 1602 à Pescina, dans les Abruzzes, mort en 1661. Pour l’occasion qui donna lieu à cette dédicace de Corneille, voyez la fin de la Notice, p. 10. — Les éditions antérieures à 1660 sont les seules qui contiennent la présente Épître et l’avis Au lecteur qui la suit. — L’édition originale a deux fois Monseigneur dans le titre : À MONSEIGNEUR MONSEIGNEUR, etc.