Pourquoi, si vous m’aimez, feindre un hymen en l’air,
Quand un père pour vous est venu me parler ?
Quel fruit de cette fourbe osez-vous vous promettre ?
Pourquoi, si vous l’aimez, m’écrire cette lettre ?
Je ne vous déplais pas, puisque vous vous fâchez.
Mais j’ai moi-même enfin assez joué d’adresse :
Il faut vous dire vrai, je n’aime que Lucrèce.
Est-il un plus grand fourbe ? et peux-tu l’écouter ?
Quand vous m’aurez ouï, vous n’en pourrez douter.
Sous votre nom, Lucrèce, et par votre fenêtre,
Clarice m’a fait pièce, et je l’ai su connoître ;
Comme en y consentant vous m’avez affligé,
Je vous ai mise en peine, et je m’en suis vengé.
Mais que disiez-vous hier dedans les Tuileries ?
Clarice fut l’objet de mes galanteries…
Veux-tu longtemps encore écouter ce moqueur ?
Elle avoit mes discours, mais vous aviez mon cœur,
Où vos yeux faisoient naître un feu que j’ai fait taire,
Jusqu’à ce que ma flamme ait eu l’aveu d’un père :
Comme tout ce discours n’étoit que fiction,
Je cachois mon retour et ma condition.
Vois que fourbe sur fourbe à nos yeux il entasse
Et ne fait que jouer des tours de passe-passe.