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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/267

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cette légère épreuve le fils de don Beltran ne pouvait raisonnablement sortir de la donnée. Elle est pourtant sortie, par une traduction outrée, d’un mot du texte, quand Jacinte dit que ce sera peu d’information pour elle d’avoir vu passer le jeune homme :

Veré solo el rostro y talle ;
el alma, que importa mas,
quisiera ver con hablalle.

Lisez ensuite les vers 443 et suivants de Clarice, et vous ne saurez plus ce qu’elle attend de cette capricieuse épreuve.

X.

Suivent d’autres parties importantes dans lesquelles Corneille rachète heureusement le désavantage de sa position comme imitateur d’une œuvre étrangère.

C’est qu’en effet cette œuvre est à moitié une comédie de caractère, et par ce côté elle est ouverte à son imitation la plus brillante ; à moitié une intrigue fort ingénieuse de cape et d’épée, intrigue tout espagnole, qui doit résister à des qualités d’esprit, à des habitudes d’art et de contrée telles que les siennes.

XI.

Voici donc une petite scène fort agréablement rendue[1] quand Alcippe vient, furieux de la fête galante qu’on lui a contée, faire une querelle de jalousie toute semblable à celle de l’espagnol. On le prie de ne pas s’emporter si fort, parce que le père de la jeune personne va venir de la salle voisine ; on ne comprend rien à la cause de ses plaintes. Le tour vif et piquant du dialogue est bien reproduit, d’après cette fin par exemple :

JACINTA.

Tú eres cuerdo ?

DON JUAN.

Tú ères cuerdo ?Como cuerdo ?
Amante y desesperado !

JACINTA.

Vuelve, escucha, que si vale
la verdad, presto verás
cuán mal informado estás.

  1. Voyez acte II, scène iii, vers 469 et suivants.