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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/268

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DON JUAN.

Voyme, que tu tio sale.

JACINTA.

No sale. Escucha, que fio
satisfacerte.

DON JUAN.

satisfacerte.Es en vano,
si aqui no me dás la mano.

JACINTA.

La mano ? — Sale mi tio.

Il est vrai qu’on ne trouve point ici cette condition de deux baisers[1], qui n’était ni dans les convenances de la scène espagnole, ni dans celles de la situation et des personnages.

En outre, sur la scène française, la décoration permanente d’une place publique, d’une rue, décoration presque constamment déplacée, gâte un peu le sens des mots : Mon père va descendre[2]. L’idée de ce jeu tient dans l’original à ce que l’oncle peut passer d’un salon voisin dans la salle à manger.

Le monologue suivant, où Alcippe exprime son ressentiment contre son rival[3], n’était pas très-nécessaire ; il est ajouté par l’auteur français, avec une belle teinte tragique, accident de couleur qui n’est guère en harmonie avec le reste.

XII.

Pour passer à l’amusante scène où le Menteur va se dire marié, il faut que le théâtre reste vide : défaut trop fréquent, mais grave selon Corneille et tous les classiques. Il n’est vraiment grave que quand un local arbitrairement choisi ne peut changer, comme la place où cette action est confinée mal à propos (voyez, aux vers 552 et suivants, le palliatif tiré de l’éloge des constructions nouvelles de Paris) ; mais c’est tout le contraire quand le spectateur, en voyant la scène transformée, aime à sentir sa curiosité rafraîchie, transportée sur un nouveau champ d’action.

Dans l’espagnol, nous sommes au parc d’Atocha, qui ressemble à quelqu’une de nos promenades hors des murs de Paris. Là sont descendus de cheval don Beltran et son fils. Le grave père, qui, depuis la confidence du Letrado[4], a recueilli encore un semblable témoignage par la bouche du valet Tristan, se propose deux choses dans cet entretien : d’abord une forte et noble réprimande à donner

  1. Voyez acte II, scène iii, vers 530.
  2. Ibidem, vers 474 et 534.
  3. Acte II, scène iii.
  4. Voyez ci-dessus, p. 244.