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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/16

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viii
préface

Plus tard, Cortes emmena le jeune empereur dans son voyage au Honduras et, sur une accusation assez vague d’un complot ayant pour but d’assassiner les Espagnols, et sans aucune preuve à l’appui, Cortes, nous dit Bernal Diaz del Castillo, le fit pendre ainsi que le roi de Tacuba.

« Oh ! capitaine Malinche[1], lui dit Guatimozin, ce n’est pas d’aujourd’hui que j’ai compris et reconnu à tes fausses paroles que tu me gardais cette mort ; que ne me la suis-je donnée le jour où je me livrai à toi dans ma ville de Mexico ! pourquoi me meurtris-tu sans justice ? que Dieu t’en demande compte. »

Et cette mort, ajoute le vieux soldat, cette mort qu’on leur fit souffrir, fut très injustement ordonnée et parut malséante à nous tous qui fûmes de l’expédition.

Bien d’autres exécutions barbares témoignent de la cruauté du conquérant, et cependant, il fait preuve parfois d’une sensibilité qui nous étonne et d’une équité qui nous le montre moins impitoyable — pendant ce mémorable siège de Mexico, il applaudit et il admire le courage indomptable des Aztecs, s’attendrit sur les souffrances des assiégés et s’efforce de les arracher aux fureurs de ses alliés indiens. Cette bonté et cette sensibilité, tout en n’étant que relatives, étaient d’autant plus appréciées des Indiens, qu’en dehors de l’influence de Cortes, ces malheureux subissaient de la part des Espagnols les persécutions les plus abominables ; si bien qu’à l’annonce de son retour après cette longue absence de deux ans, les Indiens accouraient des contrées les plus éloignées et bordaient la route sur son passage pour implorer sa justice et sa clémence.

Mais rien n’égale son ingratitude à l’égard de Doña

  1. Nom que les Mexicains donnaient à Cortes.