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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/326

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que les habitants viendraient me voir. Effectivement, le lendemain arrivèrent six à huit pirogues pleines des gens de ces villages qui m’apportaient des vivres et un peu d’or.

À tous, je parlai fort longuement pour leur expliquer qu’il fallait croire en Dieu et servir Votre Majesté : tous se reconnurent sujets et vassaux de Votre Altesse, promettant de faire ce que je leur commanderais. Les Indiens de Signatecpan apportèrent aussitôt quelques-unes de leurs idoles, qu’ils brisèrent et brûlèrent en ma présence ; le cacique, qui jusque-là s’était refusé à venir, arriva, il m’apportait un peu d’or. Quant à moi, je leur distribuai des bibelots d’Espagne et les renvoyai contents et rassurés.

Ils ne s’accordèrent pas entre eux, lorsque je leur demandai quel chemin je devais prendre pour aller à Acalan. Les Indiens de Signatecpan disaient qu’il fallait passer par les villages du haut de la rivière et ils avaient déjà ouvert un chemin de six lieues dans cette direction et avaient construit un pont sur un ruisseau afin que nous pussions passer ; mais les autres dirent que cette route nous entraînerait dans un long détour à travers une contrée déserte et que le meilleur chemin pour Acalan, était de traverser la rivière pour enfiler de l’autre côté un sentier que prenaient les marchands et que, par là, ils s’engageaient à nous conduire à Acalan.

Les deux partis tombèrent enfin d’accord pour adopter ce dernier chemin comme le meilleur ; j’avais préalablement envoyé un Espagnol dans une canoa, avec des Indiens de Signatecpan, chargé d’annoncer mon arrivée aux habitants, de les rassurer, qu’ils n’eussent aucune crainte, et de s’informer auprès d’eux, si les Espagnols que j’avais envoyés chercher des vivres auprès de mes brigantins, étaient arrivés ? J’envoyai de plus quatre Espagnols par terre avec des guides qui prétendaient connaître la route, afin qu’ils étudiassent cette route, me rendissent compte des difficultés que j’y pourrais rencontrer, leur disant que j’attendrais leur réponse au village. Mais je fis forcé de partir avant de recevoir cette réponse par suite du manque de vivres ; d’autant plus que les Indiens m’assuraient