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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/33

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d’aller dans les habitations environnantes pour y chercher des vivres, et comme Fernand Cortes vit que les Indiens manquaient à leur promesse, il envoya quatre de ses lieutenants avec plus de deux cents hommes pour courir le pays à la recherche des vivres, et comme ils allaient maraudant, ils rencontrèrent une multitude d’Indiens qui les attaquèrent avec une telle vigueur qu’ils blessèrent vingt Espagnols et que si l’on n’eût aussitôt fait savoir au capitaine de venir à leur secours, ce qu’il fit sur l’heure, nous aurions peut-être perdu la moitié de nos gens. Nous pûmes ainsi regagner notre camp où se reposèrent les combattants et où l’on pansa les blessés. Le capitaine voyant le mal que les Indiens nous avaient fait, et qu’au lieu de nous apporter des vivres comme ils l’avaient promis, ils nous faisaient la guerre, fit débarquer dix des chevaux que nous avions à bord, avec toute sa troupe, car il pensait que les Indiens, enflés du succès qu’ils avaient eu la veille, viendraient attaquer le camp avec l’espoir de nous détruire. Lorsque nous fûmes prêts, Cortes envoya certains de ses lieutenants avec trois cents hommes, là où l’on nous avait livré bataille, pour savoir si les Indiens s’y trouvaient encore, ou ce qu’ils étaient devenus. Peu après, il les fit suivre de cent hommes sous la conduite de deux autres chefs, et lui-même, à la tête de ses dix cavaliers, s’occupa de protéger le flanc de sa colonne. Ce fut en cheminant de la sorte que les premiers allèrent donner sur une troupe nombreuse d’Indiens qui venaient attaquer le camp, et si nous n’avions pris les devants, ils auraient pu nous mettre en grand péril.

Le commandant de l’artillerie qui allait en avant, voulut parlementer avec les Indiens qu’il rencontra, leur répétant que nous ne voulions pas de guerre, mais la paix pour l’amour d’eux : ce à quoi ils répondirent par une nuée de flèches. La bataille faisait donc rage entre les Indiens et nos gens de l’avant-garde, que rejoignirent à temps les deux lieutenants avec l’arrière-garde ; et il y avait bien deux heures que durait le combat, lorsqu’arriva le capitaine Fernand Cortes avec la cavalerie ; il venait à travers bois, d’un côté où les Indiens commençaient à cerner les Espagnols ; pendant une heure il s’avança luttant